Étude pour des promenades modulées

Une série de partitions, développées avec, par, pour, en compagnie de :
Mathias Poisson, Alain Michard, Dominique Jégou, Mustafa Kaplan…

promenade lettrée

suivre un chemin balisé. observer les pensées qui défilent. écouter ce qui se dit dans l’espace mental, les mots, les paroles intérieures. choisir une phrase courte. glanner chaque lettre de la phrase choisie en cherchant dans la ville : panneaux publicitaires, affiches, boites aux lettres , enseignes. dessiner la phrase lettre par lettre, reproduire les lettres comme elles sont sur place avec leur usure et leur matière.

phrases en typromenade

partir en promenade au hasard des rues et des chemins. observer les pensées qui défilent. écouter ce qui se dit dans l’espace mental, les mots, les paroles intérieures. choisir une phrase courte. être un stylo, la ville est une page blanche. composer un parcours qui écrit dans la ville la phrase qui est venue. écrire tout attaché. dessiner au fur et à mesure les limites des rues empruntées. vue du ciel, une typographie se dessine avec les détails des espaces, les bordures, les lignes au sol, les frontières. dessiner les bords des lettres et les remplir d’une couleur uniforme pour faire apparaître le texte.

promenade en lorgnette

la marche se fait à deux. un porteur de lorgnette et un guide qui le conduit en silence. le guide marche dans la ville, attiré par les lumières.
percer des ouvertures fines (fentes, petits trous) en face de chaque œil sur la ligne horizontale au niveau des repères en pointillés.
la promenade dure au moins un quart d’heure avant d’échanger les rôles.
après cette marche, dessiner sur la lorgnette une image forte qui reste en mémoire de cette expérience.

promenade pointée

faire deux minuscules trous. Un en face de chaque oeil. mesurer la distance entre les yeux avec une ficelle et la reporter sur la ligne centrale. les deux trous doivent être les plus petits possibles, de la taille d’une épingle, d’un demi millimètre, d’un point.
la promenade pointée se fait à deux personnes. un guide et un porteur de lunettes. le porteur de lunettes chausse les lunettes et ne pose aucune question à son guide. il ne fait pas de mouvement brusque avec sa tête et ne cherche pas à savoir où il se trouve. le guide tient avec sa main droite l’index de la main gauche du porteur de lunettes. le guide avance lentement sur le terrain. il conduit le porteur de lunettes soigneusement, il ralentit devant chaque obstacle. le guide indique la direction du regard de son acolyte en modifiant la direction de son index. lentement, il va lui montrer les détails à voir un peu plus loin. le guide ne parle pas, ne converse pas, ne répond pas aux interrogations de son camarade. le guide peut de temps en temps décrire un événement furtif et passager hors du champ de vision du porteur de lunettes entre les silences mystérieux qu’il fabrique pour étonner celui qui ne voit qu’en tunnel.
la promenade dure au moins un quart d’heure avant d’échanger les rôles.

promenade éclairée

à partir de la carte postale où est dessinée la lorgnette
découper la lorgnette selon les traits verts
et utiliser les chutes comme branches grâce aux fentes latérales.
au niveau des yeux, faire deux fentes horizontales de deux centimètres de longueur sur la ligne centrale.
la promenade éclairée se fait à deux personnes. un guide et un porteur de lunettes. le porteur de lunettes chausse les lunettes et ne pose aucune question à son guide. il regarde dans les fentes les variations de lumière, il scanne le paysage sans aucun mouvement rapide, il glisse sur les lignes de lumière. le guide pose une main sur l’épaule du porteur de lunettes et le conduit tranquillement vers les zones lumineuses à proximité. le guide se tient hors de vision du porteur de lunettes. il est derrière, sur un côté, sur l’autre côté. le guide explique longuement d’où vient la lumière et comment elle se propage dans l’espace, comment elle est reliée à la chaleur et à la vie sur terre. le guide conférence précisément sur le rôle de la lumière dans notre société. il prend exemple sur ce qui est là, ce qui lui est arrivé.

dessins en marche

marcher à la recherche d’un panorama dégagé. s’installer confortablement pour rester un moment. chercher un point sombre au loin, proche de la ligne d’horizon. un petit point, sur fond clair.
fixer ce point dix minutes sans jamais le lâcher.
le regarder avec une précision imperturbable. observer les événements visuels qui apparaissent, les vagues de couleurs qui se répandent, les points blancs qui tournent, les tâches grises qui glissent, les vibrations dans les aplats, les contrastes qui s’inversent. mémoriser chaque phénomène. dessiner ensuite le paysage modifié par les illusions de l’immobilité.
matériel : une feuille de papier épais et quelques crayons.
voici trois propositions de dessin en marche qui s’appuient sur trois manières de regarder le paysage en déplacement. chacune de ces propositions se fait en promenade avec comme matériel cinq feuilles épaisses format A5 et un stylo noir

regard en crabe

marcher de travers, à pas chassés, rythme lent. regarder ce qui est perpendiculaire au chemin. traveling continu, ne pas regarder où va le chemin, se concentrer sur un côté, un seul côté, et le paysage défile devant. dessiner ce qui se déroule devant les yeux, et avancer au rythme du dessin.

regard continu

marcher, observer les lignes, les limites de plans, de couleurs et de matières. le regard glisse sur le contour des choses, il avance en continu, ne saute jamais sauf pour revenir à la feuille de papier. dessiner les lignes du paysage. parfois une ligne, parfois deux, parfois trois, dans la même zone. avancer, guidé par ces lignes fuyantes et rapprochées.

regard oiseau

marcher, voir le sol, avancer sans le ciel. le visage vers le bas, regarder passer le sol sous les pieds. les formes, les matières, les traces et les objets qui traînent. être grand, haut perché, debout. dessiner ce paysage terrestre, dessiner le chemin et les bords du chemin. ce qui est au-delà du champ de vision, loin sur les côtés, au-dessus, se dessine vu d’en haut, vu de très haut, en tout petit.

regard fusion

chercher les lieux de promenade, chemins et parcs. En marchant, observer les éléments du paysage (maisons, bouées...) en mouvement dans l’espace. déplacer les points de vue pour voir les objets du terrain évoluer dans l’espace. avancer et repérer un objet bien particulier. en faire plus ou moins le tour. chercher ensuite un autre objet dans le paysage qui serait rappochable, qui pourrait s’assembler au premier, qui lui rentrerait dedans. se placer exactement là où ces deux objets pourraient ne faire qu’un seul.
dessiner ces deux éléments comme s’ils avaient fusionné.
matériel : 5 feuilles épaisses, 3 crayons.

matières

la matière est partout.
il suffit de s’en approcher pour la voir. marchez dans la ville à la recherche de la matière. zoomer à l’intérieur. dessiner sur une première zone de la feuille une texture qui attire, qui étonne. tracer les détails, les contours. entrer dans la matière. reprendre la marche pour trouver un autre micro-territoire, un peu plus loin. dessiner un nouveau motif à la suite du précédent. avancer dans la page comme dans la ville, de matière en matière. former un chemin par accumulation.
matériel : 5 feuilles blanches épaisses, quelques crayons et stylos noir ou gris.

Bientôt :

les bâtons
les cartes à trous
les lignes d'horizon
un livre de mots mis bout à bout
la marche de nez
la marche sms
la post cadre
la marche aveugle
la marche fiction
la dérive triangulée
la coulée dans le vert
la marche touchée

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