Hyper-Forêt

Hyper-Forêt, les assemblées des noms.
Nicolas Couturier et Cécile Tonizzo

Hyper-forêt, comme une hypothèse poétique, un basculement du regard.
Hyper-forêt, c’est une façon de retourner la pensée de la nature en ville en regardant comment nous vivons, en ville, déjà en nature. Nous sommes déjà d’une façon dans une forêt.
Nous sommes, là, maintenant dans l’hyper-forêt, dans ses membres diffus et éclatés, dans ses bizzareries quotidiennes.
Les assemblées des noms veulent créer des temps de discussion pour nommer ces lieux-là, sans prétendre définir et fermer, mais pour entrer en relation. Entre nous, et avec le plus qu’humain.
Le Guide pratique à l’usage des élus de 2021 rappelait d’ailleurs que “les cols et les cimes de certaines montagnes sont fréquemment désignés de manière différente d’une vallée à l’autre par les habitants”

Photographies, Nicolas Couturier, 2020 – montages d’animaux, Cécile Tonizzo, 2020, sur des vidéogrammes de François Chiron

Lors du festival Les Nuits des Forêts, nous proposons 3 promenades pour rencontrer collectivement quelques forêts urbaines de la ville de Strasbourg. Les morphologies de celles-ci sont très diverses (linéaire, en bouquet, en pagaille etc.) depuis un petit bois d’une douzaine d’arbres jusqu’à des friches arborescentes, en passant par des forêts-corridors le long d’avenues.
Nous concevons ces promenades comme des moments d’observation et d’échange avec (et à propos) de ces entités vivantes, plus qu’humaines, pour créer avec les participants une rencontre poétique, par le langage, de ces espaces sylvestres.
Les déambulations sont l’occasion de partager un regard – et un langage – sur ces espaces de proximité et de cohabitation que sont les forêts urbaines. Nous tenterons de décrire les lieux, leurs formes, leurs textures et nous nous attacherons à les nommer collectivement.

C’est le point de départ d’un projet de dialogue autour, sur et avec les forêts urbaines de l'eurométropole - que nous écrivons avec l’artiste Cécile Tonizzo en partie à l’issue des travaux des scientifiques de Bioveins et Evolville, de François Chiron et d’Audrey Muratet, pour lesquels ces milieux sont des sujets d’études.
En préparant ces promenades, nous avons repris le parcours.
En reprenant le parcours, nous avions besoin de dessiner sur une carte.
En dessinant sur une carte, nous avions besoin de repérer les noms.
Mais les noms manquaient pour nous repérer.
Ainsi, pour préparer ces assemblées des noms, groupes éphémères de descriptions, nous nous sommes retrouvés à jouer à notre propre jeu.
Ainsi sont apparus de nouvelles entités, nommées pour que le nom devienne un pronom, pour dire “tu” à ces unités spatiales, pour dire “nous” entre Cécile et moi, entre nous et vous.
Ainsi sont apparues des membres de l’hyper-forêt, la forêt d’islande, le bois du F, le bois des gradins d’hiver/bois roquette, le bois de l’arrière stade, le bosquet d’Alacier, le bois starlette, la plantation du mémorial, la forêt napoléon, le petit bois, le bois camouflage, la forêt impénétrable, le bois parking, la forêt du corridor nord et sud…

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